Biographie
Mon parcours de photographe débute par un Master de recherche en Histoire de l’art et du cinéma au sein de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Mes travaux portent sur la relation entre le réel et la science-fiction. Je réalise un court-métrage, Le chant des étoiles, dans lequel j’assemble et superpose des images d’archives et de fiction pour construire un récit documentaire, et en augmenter la portée réflexive.
Je me forme par la pratique, d’abord comme assistante photographe au Studio Rouchon à Paris, ensuite comme assistante de la photographe et réalisatrice Serena Porcher-Carli. Puis, j’ai l’opportunité d’intégrer la Semaine de la Critique de Cannes, débutant comme assistante-photographe, et devenant la photographe officielle des deux éditions suivantes. A Lyon, pour le cinéma d’art et d’essai Le Comœdia, je réalise les portraits des équipes de films lors des avant-premières.
En photographiant les personnalités du milieu du cinéma, je prends conscience des imaginaires que le réel convoque, et de leur impact politique, social, économique et artistique. Dans la salle de cinéma, les fragments de réel assemblés – un visage, un objet, un paysage - produisent comme dans un puzzle une révélation collective. Si le réel est une piste de décollage vers d’autres dimensions - sensorielles, mémorielles, cognitives, narratives -, alors la photographie peut en rendre compte. Dès lors, ma pratique explore ce que je nomme « potentialité abstractive du réel ».
J’intègre l’école de photographie et d’image contemporaine Bloo, à Lyon, au sein de laquelle j’aboutis trois projets animés par la recherche de la part d’abstraction contenue dans le réel. Je cherche à dévoiler ce qui imperceptible de prime abord mais qui révèle ce qui est en jeu dans le visible. La série Soma porte sur la mémoire. La série Square aborde les émotions produites par les matériaux urbains. Le montage La nuit / le jour s’intéresse au lien qui se tisse entre une mère et son enfant. L’exposition est pour moi l’occasion d’élaborer des dispositifs scénographiques inspirés de l’expérience de la salle obscure (une narration linéaire, une mise en scène de la lumière et de l’obscurité, une dimension sonore, la prise en compte d’une audience), tout en préservant la matérialité de la photographie (le papier, le format). Je cadre, j’assemble, et je monte les photographies comme on monte un film : je construis un récit et une expérience collective. L’imaginaire convoqué par le réel photographié n’est pas seulement une affaire d’introspection mais bien un outil collectif de production de sensations et de réflexions donc de connaissances.
Par la photographie, j’attrape ce qui échappe. Je m’inspire de la science-fiction pour construire une méthode de travail capable de révéler d’autres traductions possibles du réel. Dans la SF, la légitimité de la science, dont on convient qu’elle formule une vérité dont la preuve est irréfutable, permet la construction de fictions qui deviennent crédibles. Mon travail s’appuie sur la tangibilité du réel pour proposer une immersion dans un autre récit : je révèle l’abstraction sous-jacente dans le réel, sans les détacher l’un de l’autre, pour renforcer de manière équivalente leur véracité. Il ne s’agit pas de tromper, ou de créer l’illusion, mais au contraire de prendre conscience du fond vert qu’est le réel, et d’en exploiter le potentiel poétique voire curatif.
Basée à Lyon, je développe aujourd’hui des projets prenant appui sur des territoires ou des corpus documentaires, associant des souvenirs et des sensations à des recherches et des entretiens, dans le cadre de résidences de création ou de programmes de recherche. J’exerce toujours comme portraitiste dans le cadre de commandes.
© Zoé Hollebeck